June 3, 2024

LE LABEL RSE EST-IL INDISPENSABLE POUR ALIGNER LA PERFORMANCE ÉCONOMIQUE, SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE ?

Principes fondamentaux de la RSE

La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est une approche qui vise à intégrer les préoccupations sociales, environnementales et économiques dans les activités d’une organisation. 

Elle s’articule entre plusieurs piliers.

PILIER ÉCONOMIQUE 

La RSE implique que les entreprises prennent en compte les enjeux économiques de manière responsable. Cela peut inclure la création d'emplois durables, la contribution au développement économique local, la transparence financière, la lutte contre la corruption, la promotion de l'innovation, etc.

PILIER SOCIAL

La RSE met l'accent sur les impacts sociaux de l'entreprise. Cela comprend la promotion des droits de l'homme, le respect des normes du travail (santé, sécurité, conditions de travail équitables), la diversité et l'inclusion, la responsabilité envers les communautés locales, etc.

PILIER ENVIRONNEMENTAL

La RSE encourage les entreprises à intégrer des pratiques respectueuses de l'environnement. Cela peut impliquer la réduction de l'empreinte carbone, la préservation des ressources naturelles, la gestion responsable des déchets, la promotion des énergies renouvelables, l'adoption de technologies propres, etc.

La RSE dépasse ainsi le simple respect des réglementations et vise à créer de la valeur à long terme pour l’entreprise et la société dans son ensemble. Elle implique un engagement continu et une prise de responsabilité envers les parties prenantes internes et externes de l’entreprise.

Pour les grandes entreprises, la RSE est souvent encadrée par des réglementations spécifiques qui imposent des obligations légales et des rapports de transparence sur leurs pratiques. En revanche, pour les petites et moyennes entreprises (TPE/PME), la RSE est généralement une démarche volontaire.

La RSE et ses principaux labels

Les labels RSE sont délivrés par des organismes privés indépendants et servent d’outils pour attester de l’engagement d’une entreprise dans des domaines spécifiques de la RSE. Ils peuvent apporter une certaine crédibilité et reconnaissance à une entreprise, mais il est important de s’assurer de la légitimité de l’organisme qui délivre le label.

Le marché des labels est aujourd’hui concurrentiel : il existe des risques de « greenwashing » (ou « washing » plus généralement), c’est-à-dire l’utilisation de labels trompeurs ou peu exigeants pour donner l’impression d’un engagement fort en matière de RSE. 

Il est donc essentiel de vérifier la réputation et la légitimité de l’organisme de certification pour éviter de s’associer à un label qui ne reflète pas réellement les engagements de l’entreprise.

Voici deux labels très présents en France : 

Lucie est lié directement à la norme ISO 26000 et évalue les pratiques responsables de l’entreprise à travers sept piliers : gouvernance responsable, respect des individus, qualité de vie au travail, protection de la nature, éthique des pratiques, produits et service responsable et engagement pour l’intérêt général. 

B Corp est un label international qui évalue l’impact social, environnemental et sociétal d’une entreprise autour de cinq fondements : gouvernance, collaborateurs, collectivité, environnement et clients.

Les certifications, à la différence des labels, sont encadrées par la loi et sont considérées comme des reconnaissances plus fiables. 

La norme ISO 26 000 est la norme la plus incontournable en matière d’encadrement RSE. Cette norme offre des lignes directrices de bonne conduite pour les organisations qui ont compris que la RSE est un facteur clé de réussite et de performance. Elle vise à encourager les organisations à aller au-delà du respect des lois et fait la promotion d’acquis communs autour de la responsabilité sociale et environnementale. 

Pour en savoir plus sur la norme ISO 26 000

Les atouts de la labellisation

L’obtention d’un label RSE offre plusieurs avantages pour une entreprise 

  • Reconnaissance et crédibilité : Un label RSE reconnu et respecté peut donner une preuve tangible de l’engagement d’une entreprise envers la responsabilité sociale et environnementale. Il offre une validation externe de l’adoption de bonnes pratiques et de la conformité aux normes et critères spécifiques du label. Cela renforce la crédibilité de l’entreprise aux yeux des parties prenantes : les clients, les fournisseurs, les investisseurs etc.
  • Différenciation concurrentielle : Dans un marché de plus en plus axé sur la durabilité, un label RSE peut servir d’avantage concurrentiel en démontrant que l’entreprise va au-delà des exigences légales et prend des mesures concrètes pour atténuer son impact environnemental et social. Cela peut attirer les clients soucieux de l’environnement et de la responsabilité sociale, lesquels sont de plus en plus nombreux à rechercher des produits et services provenant d’entreprises responsables.
  • Accès à de nouveaux marchés et opportunités commerciales : Certains clients, fournisseurs et partenaires commerciaux exigent des engagements en matière de RSE pour établir des relations commerciales. En obtenant un label RSE reconnu, une entreprise peut être éligible à participer à des appels d’offres ou à des programmes d’approvisionnement spécifiques qui favorisent les entreprises responsables.
  • Amélioration de la gestion interne : Le processus de labellisation RSE implique souvent une évaluation approfondie des pratiques internes de l’entreprise, ce qui peut aider à identifier les domaines d’amélioration potentiels. En se conformant aux exigences du label, une entreprise peut mettre en place des systèmes de gestion plus solides, améliorer son efficacité opérationnelle, réduire les risques et renforcer la durabilité de ses activités.
  • Engagement des parties prenantes : Un label RSE peut servir de tremplin pour mobiliser et engager les parties prenantes internes et externes. Il démontre que l’entreprise accorde de l’importance aux préoccupations sociales et environnementales, ce qui peut renforcer la confiance des employés, influencer la marque employeur, stimuler le sentiment d’appartenance.

Les limites à la labellisation

Les labels RSE présentent également certaines limites :

  • Multiplicité des labels et manque d’harmonisation : Il existe de nombreux labels RSE différents, ce qui peut créer de la confusion pour les parties prenantes pour comparer des critères et exigences des entreprises labellisées.
  • Coût financier et humain important : Obtenir et maintenir un label RSE peut représenter un investissement financier et humain important pour une entreprise, en particulier pour les petites et moyennes entreprises (TPE/PME) qui disposent de ressources limitées : frais de candidature, de suivi et de renouvellement, coûts liés à la mise en place des actions requises, la préparation des documents de candidature, des rapports et des audits nécessaires.
  • Temps et complexité : Le processus de labellisation RSE peut être long et complexe. Il peut demander du temps et des efforts considérables pour collecter les informations, préparer les documents nécessaires et se conformer aux exigences du label.
  • Risque de greenwashing et perte de crédibilité : Bien que les labels RSE aient pour objectif de garantir l’engagement sincère des entreprises envers la responsabilité sociale et environnementale, il existe toujours un risque de greenwashing. Certaines entreprises peuvent chercher à obtenir un label simplement pour des raisons de marketing et de réputation, sans réel engagement envers la RSE.

Il est important pour les entreprises de prendre en compte ces limites lorsqu’elles envisagent la labellisation RSE, et de peser les avantages potentiels par rapport aux contraintes et aux coûts associés. Il est aussi essentiel de sélectionner un label qui correspond aux objectifs et aux valeurs de l’entreprise, et qui est reconnu par les parties prenantes pertinentes. 

Notre conviction : une démarche RSE n'a de sens que dans une logique globale de performance sociale, environnementale et économique

La RSE va au-delà de l'obtention d'un label et doit être perçue comme une démarche globale d'alignement de la performance économique, sociale et environnementale de l'entreprise.

Les labels fournissent ici un cadre de référence permettant de structurer les actions de l’entreprise pour renforcer l’alignement de sa performance économique, sociale et environnementale.

Il est totalement possible et même souhaitable d’engager son entreprise dans des actions concrètes d’amélioration continue sur la responsabilité sociale et environnementale sans pour autant entrer dans une logique de labellisation (notamment pour les TPE/PME). 

Dans ce cas, il est important de savoir le valoriser à travers l’utilisation d’outils et communiquer auprès de ses parties prenantes avec transparence et sans langue de bois pour asseoir sa crédibilité et donner du poids à ses engagements.

Voici quelques outils qui peuvent aider à structurer la responsabilité sociétale et environnementale d’une entreprise :

  • Livre blanc : un livre blanc est un document qui présente la vision, les engagements et les actions de l’entreprise en matière de RSE. Il permet de communiquer de manière détaillée sur les objectifs, les politiques et les réalisations de l’entreprise dans ce domaine.
  • Charte :  permet de mettre en avant les engagements d’une entreprise, c’est comme une déclaration sur l’honneur.
  • Rapport et objectifs annuels : établir des objectifs annuels spécifiques et mesurables en matière de RSE permet de suivre les progrès réalisés et de maintenir l’engagement de l’entreprise envers l’amélioration continue. Ces objectifs peuvent couvrir différents domaines, tels que la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la réduction des impacts environnementaux, ou l’amélioration des conditions de travail. Un rapport sur les résultats des objectifs peut être publié avec les acquis et les points d’amélioration à travailler sur l’année à venir.
  • Bilan carbone : réaliser un bilan carbone permet d’évaluer l’empreinte carbone de l’entreprise en quantifiant les émissions de gaz à effet de serre générées par ses activités. Cela permet d’identifier les sources d’émissions les plus importantes et d’orienter les actions de réduction appropriées.

Au-delà de ces outils, travailler directement sur le modèle de l’entreprise reste aujourd’hui l’engagement le plus fort en matière de responsabilité sociale et environnementale. 

Cette démarche s’inscrit dans une réflexion globale autour de la place et du rôle de l'entreprise. 

Voici plusieurs exemples de modèles d’entreprises qui cherchent à renforcer l’alignement de leur performance économique, sociale et environnementale : 

  • Entreprise ESS : Issue de la loi de l’économie sociale et solidaire de 2014, les entreprises de l’ESS sont organisées sous forme de coopérative, de mutuelle, d’association ou encore de fondation.

4 piliers fondamentaux : 

  • impact social
  • impact environnemental
  • partage de la gouvernance
  • partage des richesses

100% de l’activité est tournée autour de l’impact social et/ou environnemental avec la notion d’utilité sociale : soutien aux personnes en situation de fragilité, contribue à la lutte contre tout type d’inégalités ou exclusions, participe au développement durable, solidarité internationale ou transition énergétique.

→ Exemple : Phenix a pour objectif d’être une des solutions pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Sa mission d’utilité sociale est la suivante : « agir ensemble contre le gaspillage en proposant des solutions performantes, humaines et digitales, qui profitent à tous »

Plus d’information sur les entreprises de l’ESS

  • Entreprise contributive : C’est une entreprise qui réussit à produire en respectant les limites planétaires et en permettant l’accès à un minimum de confort matériel pour une vie digne à tous. 

Cette mission de l’entreprise contributive s’appuie sur 5 piliers à mettre en oeuvre dans son organisation :

  • intégrer les rapports scientifiques qui décrivent l’état du climat et de la biodiversité
  • définir une raison d’être au service du bien commun et non un slogan marketing
  • faire évoluer son modèle économique vers un modèle d’affaire contributif
  • mettre en place un système de management de la valeur perçue pour les clients comme pour les collaborateurs
  • valoriser l’immatériel en considérant le capital humain et naturel en plus de celui financier.

→  Exemple : Veja est une marque de chaussures écologiques qui s'organise pour améliorer en continu son impact. À travers la mission classique de vendre des chaussures, cette marque s’engage à utiliser des matières issues du commerce équitable avec des coopératives qui travaillent selon des principes agro-écologiques. Les chaussures s’inscrivent dans une durabilité renforcée car plus résistantes et pouvant être réparées dans les laboratoires de la marque. 

Plus d’information sur l’entreprise contributive 

  • Entreprise régénérative : Ce modèle vise à aller au-delà de la réduction d’impacts négatifs pour s’engager vers l’impact positif net pour les écosystèmes et la société. L’idée est de réparer le vivant à travers une économie qui régénère. Mettre le vivant au cœur du système, régénérer les ressources, les écosystèmes et les liens, dans le but de renforcer la résilience et relever les défis du siècle. L’objectif de ce modèle est de chercher à répondre aux besoins humains, d’envisager l’entreprise à l’intérieur des limites planétaires et viser la restauration du capital naturel.

Les piliers de ce modèle :

  • le capital humain
  • le capital naturel
  • le capital économique

→  Exemple : Interface est un fabricant de dalles de moquette et a développé le modèle d’usine forêt en mimant les écosystèmes pour sa production industrielle.

Plus d’information : l’entreprise régénérative

  • Permaentreprise : Ce concept désigne une entreprise qui s’inspire des principes de la permaculture, visant à concevoir des systèmes économiques durables, résilients et en harmonie avec la nature. Cela implique de prendre en compte les interactions entre l’entreprise, les parties prenantes et l’environnement pour favoriser un développement équilibré.

Ce modèle de fonctionnement se base sur 3 principes éthiques :

  • prendre soin des êtres humains
  • préserver la planète
  • redistribuer les surplus de richesse crée

→ Exemple : Norsys qui s’est donné la mission de « concevoir avec une préoccupation humaine et éthique des usages du numérique efficaces afin de contribuer à l’évolution positive du monde ».

Plus d’informations : la permaentreprise.

En intégrant ces outils et modèles, une entreprise peut renforcer sa démarche de RSE, prouver son engagement envers la durabilité et stimuler l’action et l’amélioration continue au-delà du simple label

Nous croyons en une vision moderne de la démarche RSE qui met l'accent sur l'intégration, la responsabilité, l'engagement des parties prenantes, la transparence, l'innovation, la collaboration et la création de valeur partagée. Avec ou sans labels l'idée est d'adopter une approche globale et proactive pour relever les défis actuels et contribuer de manière positive à la société et à l'environnement.

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